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Chronique d’un monde oublié – La Perse

Ah la Perse ! Ses empereurs tout puissants et ses lieux mythiques, entourés d’une aura presque magique, véritables portes d’entrée vers les secrets d’un Orient mythifié.

Marathon, Ispahan, Persépolis, autant de noms qui exercent encore aujourd’hui sur le monde occidental un attrait irrépressible, symboles d’un royaume dont la culture n’a d’égale que la luxure. La Perse revient ainsi fréquemment dans notre culture, des Lettres Persanes de Montesquieu au péplum 300 de Zack Snyder, preuve de sa place très particulière dans notre imaginaire. 

En effet, aux côtés de l’Egypte ancienne, elle constitue notre étranger proche, ces lieux trop éloignés de nous pour partager nos usages, mais trop proches pour qu’on puisse ignorer les leurs ou nous empêcher de s’y comparer. Pour le grec puis l’occidental, la Perse constitue l’au-delà, ce qu’il y a juste un peu plus loin que le monde qu’il connaît et qu’il ne peut donc s’empêcher de vouloir découvrir, tout en en ayant peur. A vrai dire, cet étranger à portée suscite autant de fascination que de peur et de répulsion. Fascination pour le raffinement de sa culture, peur pour sa puissance qui menaça la Grèce pendant des siècles, répulsion pour ses moeurs trop libérées du point de vue des Grecs et qui ont eu tendance à projeter sur elle les interdits de leur propre civilisation. 

En d’autres termes, plus qu’une connaissance rationnelle, la vision de la Perse que nous avons héritée des Grecs est un sentiment. Un sentiment, un léger vertige devant un Orient illimité, dont mille et une nuits ne suffiraient pas à révéler les secrets. La Perse est une impression d’infini, où les royaumes sont des empires, où nulle limite n’existe aux ambitions; en somme un pays où tout est plus grand, tout est possible. 

Infinie, elle paraissait aussi l’être du point de vue historique, elle qui par-delà des dizaines de dynasties a existé pendant près de trois millénaires sous ce nom de Perse, une continuité historique que seule la Chine peut lui contester.

Pourtant, il y a 30 ans, la Révolution Islamique fit de la Perse l’Iran, interrompant l’histoire de cet empire plusieurs fois millénaire.

C’’est à cette histoire que nous allons nous intéresser dans ce troisième épisode des Chroniques d’un monde oublié.

La Perse est donc une terre de légendes, où peuvent s’accomplir les destinées les plus singulières. Ces légendes remontent à la fondation même de l’Empire, et à l’épopée du premier empereur perse : Cyrus le Grand.

A sa naissance en -580, la Perse n’est qu’un petit royaume situé au sud de l’Iran actuel, une des innombrables principautés vassales du puissant Empire mède, qui s’étend de la Turquie à l’Iran. 

Disons-le tout de suite, les empires en Orient ne ressemblent pas vraiment aux Empires d’Occident. L’Europe a toujours connu un certain équilibre des pouvoirs, et la formation de coalitions contre toute nation qui devenait trop importante a eu pour conséquence de limiter la formation d’empires et les ambitions des grands conquérants – par exemple Napoléon. Rien de tout cela en Perse, terre d’empires, de grands espaces et de grands conquérants, capables de fonder des empires à partir de rien, mais des empires vulnérables à l’arrivée d’un conquérant plus féroce encore. En Occident, le pouvoir se transmet dans la continuité ; en Orient il se conquiert par les armes.

Telle est la leçon que les Mèdes, qui l’avaient autrefois enseignée aux empires babyloniens et assyriens, vont recevoir de Cyrus. Nous avons dit que la Perse était à la naissance de Cyrus une principauté comme une autre. Mais la naissance de Cyrus, elle, n’a rien de commun. Sa mère est en effet la propre fille de l’Empereur Mède, Astyage, ce qui donne à Cyrus un lien avec la famille impériale. Cette haute naissance est surtout entourée de légendes et de présages qui confèrent déjà au personnage un statut hors-norme.

Que les légendes soient vraies ou non, il s’avère très vite un conquérant, dont la progression inquiète Astyage. Celui-ci lui déclare la guerre à son neveu Cyrus en -553, et on ne donne pas cher des chances de la petite Perse face à l’Empire Mède. Mais cela est sans compter avec les talents de général et de diplomate de Cyrus. Grâce à quelques brillants succès – et quelques brillantes pièces d’or – Cyrus parvient à retourner le plus éminent général des Mèdes, et une partie de son armée. Après trois ans de conflit très violents, il parvient à vaincre définitivement les Mèdes en prenant leur capitale en -550.  

Et c’est à ce moment qu’intervient le véritable coup de maître de Cyrus. Il vient certes de conquérir un empire immense, mais il lui faut maintenant accomplir le plus difficile : renforcer son pouvoir. Au lieu de piller ses conquêtes comme le ferait un conquérant étranger, il décide de protéger et respecter ses sujets comme s’il était le souverain légitime. Il use de la légitimité que lui donne sa mère pour réussir une véritable campagne politique dont le but est de s’imposer à la noblesse comme un roi comme un autre, continuant la tradition de l’Empire. En sauvegardant ainsi les apparences du pouvoir, Cyrus réussit le même coup de force qu’Auguste quelques siècles plus tard, renverser un régime politique en donnant l’impression que rien n’a changé. Grâce à son habileté, l’Empire Mède tout entier passe sous sa domination, et l’Empire Mède devient ainsi l’Empire Perse. 

Pour se rendre compte de la portée de l’exploit, il faut imaginer que l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie seraient annexées d’un coup par un pays de la taille de l’Autriche. Une vraie révolution diplomatique.

L’appétit de conquête de Cyrus ne s’arrête cependant pas là. Il envahit successivement Babylone puis Jérusalem, épisode qui illustre par ailleurs une fois de plus la grande tolérance de Cyrus; C’est en effet sous son règne que le Temple de Jérusalem est reconstruit, preuve de l’ouverture religieuse de l’Empereur. Cette tolérance dépasse le simple aspect religieux : les peuples lydiens, égyptiens, juifs, araméens ou phéniciens qu’il conquiert sont tous respectés dans leurs traditions et intégrés, comme le furent les Mèdes, à l’Empire.

 Pour administrer tous ces territoires, Cyrus divise son empire en satrapies, régions de l’Empire disposant d’une large autonomie culturelle et administrative. Ce découpage intelligent permettra de sauver son empire lorsqu’il mourut brusquement, vaincu au combat par la reine scythe Tomyris. Sa mort en -523 plonge son pays dans la stupéfaction, et son fils Bardiya ne se montre pas à la hauteur de la tâche d’Empereur. Mais comme nous l’avons dit, en Perse, le pouvoir ne s’hérite pas, il se conquiert. Bardiya est ainsi renversé dès -518 par celui qu’Hérodote qualifiera de Roi des Rois : Darius 1er.

Darius est un roi administrateur ; il crée une administration solide, qui entre pour beaucoup dans l’image que nous avons de la Perse. Il réforme le système des satrapies, qui deviennent de véritables petits royaumes dont les dirigeants, les satrapes, rivalisent de splendeur et de luxe. La décentralisation de Cyrus est maintenue, et les satrapes ont pour seules obligations de payer un tribut et de mettre une armée à disposition de l’empereur; cela excepté, ils peuvent agir comme des rois en leurs royaumes. Et cette action mène à des constructions splendides; à Persépolis, à Suse, à Ecbatane et partout dans l’Empire, les satrapes et l’Empereur bâtissent ces somptueux palais auxquels on pense quand on parle de la Perse. Ces palais, qui abriteront pendant des siècles des intrigues spectaculaires, aussi splendides que sordides, deviendront les théâtres des milles et une nuits et de toutes les légendes qui y sont associées. 

Le Roi des Rois ne fait cependant aucun compromis sur son pouvoir; il garde un droit de regard sur les satrapies. Pour les surveiller, il crée de nombreuses routes dont l’incroyable Voie Royale, longue de 2500 kms, construite en quelques années. Cette route deviendra plus tard le coeur des fameuses routes de la soie et fournira à la Perse une immense richesse. 

Et de richesse, Darius en a bien besoin pour assouvir son désir de conquêtes, aussi aiguisé que celui de Cyrus. Son règne voit la Perse atteindre ses limites maximales;  il s’empare notamment de l’Egypte, et pousse jusqu’à la Libye. Il venge Cyrus en battant les Scythes et en s’emparant de la Crimée, puis de toute la côte de la mer Noire jusqu’à Istanbul et enfin de la Macédoine. 

Avec la conquête de la Macédoine, Darius est aux frontières de la Grèce, et commence à y faire sentir son influence en mettant sous sa tutelle les colonies d’Ionie. Mais ces colonies grecques se révoltent et Athènes et Sparte décident de les soutenir. C’est inacceptable pour le Roi des Rois qui s’en va châtier les Grecs impudents. Pour ce faire, il mobilise la colossale armée perse, et plus de 250 000 hommes – 1 million selon Hérodote – franchissent le Détroit des Dardanelles pour aller punir Sparte et Athènes dans ce que l’histoire retiendra comme le début de la Première Guerre Médique. 

Les premiers temps du conflit lui assurent des succès faciles et 30000 Perses débarquent sur la plaine de Marathon, à 42 km d’Athènes. A 1 contre 3, les Athéniens doivent non seulement ne pas perdre, mais vaincre et vaincre vite  pour éviter que les Perses attaquent leur ville pendant qu’ils en sont en  dehors. Les Grecs sont moins nombreux certes, mais beaucoup plus disciplinés et bénéficient d’unités plus puissantes : les hoplites. Les Perses, eux, ont des problèmes de communication : comme l’Empire est immense, son armée regroupe des hommes aux origines très différentes qui ne parlent pas la même langue. Ces facteurs, ainsi que la connaissance du terrain qu’ont les Athéniens permettent à ceux-ci de vaincre contre toute attente et de sauver leur pays.

Les conséquences de la bataille seront majeures pour la Grèce. Jusqu’alors divisées, les cités-états s’unissent pour la première fois pour résister à l’envahisseur perse, et prennent ainsi conscience du lien culturel qui les unit, fondé sur une langue et des mythes communs. Au-delà de cette dimension culturelle, la victoire grecque permet également, comme le souligne Lucien Jerphagnon, la survie de philosophies et de régimes politiques encore balbutiants à cette époque :  sous une éventuelle domination perse, dans une culture où prévalent les mythes sur les philosophies et où le régime impérial interdit toute idée de démocratie, il est fort peu probable que Platon ou Aristote aient pu écrire leurs traités, ou que Périclès deviennent le symbole de l’homme d’état se dévouant pour la cité. Quand on sait l’influence qu’exercent jusqu’à aujourd’hui les penseurs et hommes politiques des quelques décennies qui ont suivi Marathon – Platon, Aristote et Périclès pour ne citer qu’eux – la bataille apparaît en réalité comme la victoire de la pensée grecque – philosophique et démocratique – sur la pensée perse – mystique, mythique et impériale –  et une étape fondamentale dans la constitution de la pensée occidentale, qui s’est inspirée des idées des penseurs mentionnés.

Outre ces conséquences intellectuelles et philosophiques, Marathon redéfinit également les rapports de force dans la région. Grâce à sa victoire, Athènes acquiert un grand prestige et devient la cité dominante du monde hellénistique, suppléant Argos et Corinthe, jusqu’alors principales puissances. Les conséquences sont moindres pour les Perses mais cette défaite sonne comme un affront, et tout affront au Roi des Rois doit être lavé. 

La revanche incombera au successeur de Darius, Xerxès qui lui succède en -486. Selon ses propres mots, il veut faire souffler “un vent de terreur” sur la Grèce et après quatre ans de préparation, la guerre est déclarée. Cette fois, il n’y aura pas de quartier, Xerxès veut conquérir la Grèce toute entière. Les Perses brûlent tout sur leur passage, battant les Spartiates lors de la bataille des Thermopyles (immortalisée par le film 300). Plus rien ne semble pouvoir stopper la progression des armées de Xerxès, qui mettent à sac Athènes en -480 et qui ont conquis presque tout le pays, sauf la région du Péloponnèse au Sud. 

Mais le Péloponnèse est une presqu’île et pour y accéder, Xerxès doit vaincre la flotte grecque. Ce devrait être une formalité puisqu’il possède 4 fois plus de navires que ses adversaires, pour qui une défaite signifierait la fin de tout espoir. Dans cette situation, les Grecs se doivent de ruser; et de ruse, l’amiral athénien Thémistocle n’en manque pas. Il attire les Perses dans l’étroit détroit de Salamine, endroit où seuls quelques navires peuvent passer en même temps et où il est très difficile de manoeuvrer. L’avantage numérique des Perses est ainsi quasiment annulé, et seule la valeur des navires et des équipages décidera du sort de la bataille de Salamine.

            A ce jeu-là, les Grecs se montreront les plus forts, notamment grâce au vent puissant qui favorisent leurs nouveaux bateaux, les trirèmes, conçus pour rester manoeuvrables en toutes circonstances. La défaite est cuisante pour Xerxès, qui perd un tiers de sa flotte, et marque un tournant de la guerre, mais surtout, de l’histoire. Avec la bataille de Salamine s’achève le premier âge d’or de la Perse tandis que débute celui de la Grèce, libérée de la menace perse, qui va au cours du siècle suivant voir Platon, Aristote, Euclide ou Archimède créer leurs oeuvres qui façonneront notre perception du monde. Cette bataille marque aussi un tournant militaire, car les Grecs vont réussir à tirer partie de ce succès miraculeux pour contre-attaquer et éliminer tant la flotte que l’armée des Perses, lors des batailles des Platées et du Cap Mycade en -479. Les Grecs remportent la guerre, et profitent de l’avantage pour étendre leur domination, au cours des décennies suivantes, sur l’essentiel de la Méditerranée. 

La Perse n’est plus invincible, et ne se relèvera jamais vraiment du coup porté à Salamine. Elle perd petit à petit ses territoires, notamment l’Egypte. Mais même après un siècle de ce lent déclin, en -335, l’Empire demeure une puissance majeure, faisant sentir son influence de la Turquie à l’Inde. La Perse va pourtant tomber quelques années plus tard sous les coups d’un des conquérants les plus illustres de l’Histoire : Alexandre le Grand. 

L’épopée d’Alexandre possède cet aspect mythique – et mystique – qui fait le charme de l’histoire. En déclarant la guerre à Darius III, Alexandre souhaite simplement conquérir une partie de l’actuelle Turquie. Personne, pas-même lui, n’imagine qu’il écrasera les armées perses aux batailles d’Issos et Gaugamèles, personne n’imagine qu’il se rende après cela en Egypte et qu’il y soit fait fils du Dieu Soleil, et personne n’imagine qu’après cinq ans de guerre, il conquiert l’Empire Perse tout entier, emmenant ses armées au niveau du fleuve Indus, au-delà de ce que les Grecs et les Perses croyaient être le bout du monde. 

Et surtout, personne n’aurait pu prévoir que le raffinement de la culture perse allait conquérir le coeur de son féroce vainqueur. Alexandre est un macédonien, un grec, pour qui les Perses sont des barbares et des ennemis et un élève d’Aristote qui tient l’empire en horreur. Il va pourtant en adopter nombre des coutumes. Il y a certes une part d’opportunisme politique dans cette attitude – Alexandre use des mêmes armes que Cyrus pour se faire voir comme le successeur légitime de l’Empereur qu’il a vaincu et obtient aussi un certain succès dans cette entreprise. Mais son attachement à la culture perse est pour l’essentiel sincère au point que de grands historiens, comme Arthur Weigall, dépeignent l’Empire d’Alexandre comme une synthèse entre Perse et Grèce. 

Alexandre est en premier lieu charmé par l’éclat de la cour de Perse, les superbes vêtements de soie ou de coton, faits de couleurs vives et chatoyantes qui contrastent avec les chauds vêtements grecs faits de laine ou de lin. Mais il est surtout fasciné par l’Empire lui-même. Les Grecs vivent dans des petites cités-états, dont la taille est équivalente le plus souvent à celle du Luxembourg, et le pouvoir des dirigeants est forcément limité par le petit territoire qu’ils possèdent. Ces limites n’existent pas en Perse où le pouvoir de l’Empereur n’est pas limité par les murs des cités. Alexandre découvre en Perse les grands espaces dont il a toujours rêvé, l’empire qui convient à cet homme qui ne veut mettre aucune limite à ses ambitions, ambitions jusqu’alors à l’étroit dans les murs des cités-grecques. C’est en Perse qu’Alexandre le Conquérant se sent véritablement Alexandre le Grand.

Alexandre conserve dans une grande partie la structure de l’administration perse, notamment le système des satrapies afin d’organiser son Empire. Il adopte surtout nombre de rituels perses, notamment l’obligation faite à ses sujets de se prosterner devant lui, qui mena quasiment à une révolte des Grecs de son armée, horrifiés de voir leur Roi se comporter comme un Empereur Oriental. Il se fit aussi le protecteur du patrimoine et de la langue perse, qu’il utilise avec le grec dans son administration.

Le symbole le plus fort de cette union de la Grèce et de la Perse est sans doute celui des mariages de Suse (-324) lors desquels 10000 couples mixtes grecs et perses sont mariés en même temps. Ces mariages, célébrés à la façon traditionnelle des Perses, illustrent la volonté de réunir les peuples du nouvel Empire, afin si possible de créer une population métissée et ainsi assurer sa pérennité. 

Mais le projet alexandrien d’un empire biculturel ne survivra pas à sa mort en -320. Son empire se désagrège rapidement et la Perse se retrouve à la merci des conquérants étrangers. Après plusieurs décennies de lutte, ce sont les Parthes, peuple issu de l’Asie Centrale, qui conquièrent le pays. Eux aussi succombent à l’attrait de la culture perse dont ils adoptent la langue et les coutumes. Au fil des siècles, les Parthes deviendront les plus féroces ennemis des Romains, les premiers aussi à les vaincre vers 70 après Jésus-Christ.

Les guerres entre les Romains et les Parthes aboutissent cependant à des échanges culturels, notamment religieux, et le culte du dieu guerrier Mithra devient extrêmement populaire à Rome parmi les esclaves et les soldats, au point que Mithra entra dans le panthéon des Dieux et que son culte aurait pu concurrencer le christianisme, si Parthes et Romains n’avaient pas été ennemis.

Mais la Perse est en effet une terre de religions multiples, religions dont les croyances ont profondément influencé le reste du monde, bien au-delà du simple Empire Romain. La principale de ces religions est le zoroastrisme, religion officielle des Parthes puis de leurs successeurs sassanides. Cette religion est la première religion dualiste de l’histoire, c’est-à-dire la première religion qui conçoit le monde comme une opposition entre le bien et le mal et non plus comme un ensemble de dieux païens, associés à des phénomènes. C’est une étape majeure dans l’histoire humaine, la religion, qui servait jusque là simplement à expliquer le monde qui nous entoure, devient alors une matrice morale où entrent en compte le Mal et le Bien. Cette religion possède un prophète, Zarathoustra, qui présente donc le monde comme un combat entre la Lumière et les Ténèbres, le Bien et le Mal et organise un culte autour de feu, symbole de la divinité du bien, Ahura Mazda. 700 ans avant le christianisme, Zoroastre pose l’existence d’un esprit saint, fils d’Ahura Mazda, combattant pour le bien face à son jumeau Ahriman, qui représente le mal et la Nuit. 700 ans avant le christianisme, le zoroastrisme pose ainsi une sainte trinité entre un père, un fils et un saint-esprit, sainte trinité dont on peut même imaginer qu’elle ait été influencée par cette religion, puisqu’elle n’était pas présente aux origines du christianisme

Ce culte existe encore aujourd’hui en Iran et en Inde, où il rassemble environ 200000 fidèles. Il inspire surtout de nombreuses oeuvres modernes. La plus connue de celle-ci est bien sûr le fameux Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche. Cet ouvrage fait de Zarathoustra le symbole d’une conception morale du monde, entre Bien et Mal, que l’auteur propose de dépasser pour libérer les hommes des chaînes de cette morale. Vous avez peut-être aussi remarqué la ressemblance du culte avec les cérémonies de Stannis et Mélisandre dans Game of Thrones, la religion de R’hllor reprend en réalité presque exactement les pratiques zoroastristes.

Vous l’aurez compris, la Perse  et ses légendes sont encore loin d’avoir livré tous leurs secrets, que nous continuerons d’explorer dans une prochaine Chronique d’un Monde oublié…

Illustré par Martin Terrien

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Amayes Kara

Étudiant français en Master in Management à HEC Paris (Promotion 2023).
Trésorier de KIP (2020-2021) et contributeur régulier.

French student in Master in Management at HEC Paris (Class of 2023).
Treasurer of KIP (2020-2021) and regular contributor.