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Entretien avec M. Ambroise Méjean, président du mouvement “les jeunes avec Macron”

Diplômé d’HEC, M. Ambroise Méjean est, depuis trois ans, à la tête des « Jeunes avec Macron », le mouvement de jeunesse du parti majoritaire, la République en marche. KIP a rencontré ce représentant politique, dans une série d’interviews de jeunes engagés de tous bords. Les réponses claires et développées de M. Méjean, recueillies par Pauline Haritinian, Julien Vacherot et Maxence Delespaul sont précieuses pour se remémorer le quinquennat Macron et pour analyser le bilan du plus jeune Président de la Ve République.    

L’engagement des jeunes en politique 

Maxence Delespaul : Quelle est la source de votre engagement auprès des « Jeunes avec Macron » ? Quel est votre rôle concret dans ce mouvement ?

Ambroise Méjean : J’ai toujours été intéressé par la politique. J’ai eu une expérience d’engagement au Parti socialiste, que j’ai trouvée extrêmement décevante. J’y ai vécu un militantisme suranné, que ce soit dans la moyenne d’âge et dans les pratiques, et des comportements peu ouverts sur ceux qui voulaient nouvellement s’engager (il fallait passer par l’ensemble des étapes d’un cursus honorum pour poursuivre une carrière en politique). Ce n’était pas ma logique, ni mes convictions, puisque les militants du Parti socialiste étaient globalement plus à gauche que les gouvernements de M. Hollande, et que ma sensibilité. C’est ce qui m’a amené à quitter le Parti socialiste, par déception. Pour rentrer à HEC, je me rappelle avoir écrit l’ensemble des introductions de mes copies de concours sur la loi Macron et la capacité du ministre de l’Économie d’alors à dépasser les clivages. Je me suis dit : pourquoi pas lui ? J’ai vu qu’un mouvement de soutien à M. Macron avait été créé et j’en ai contacté le président de l’époque. Je me suis engagé parce que j’ai trouvé plusieurs atouts chez M. Macron. Le premier était le dépassement des clivages, le fait de dire que ce n’est pas parce qu’une idée vient de la droite qu’elle est illégitime, et inversement. Second atout : des valeurs extrêmement compatibles avec les miennes, dont un libéralisme économique capable d’interventionnisme, un engagement fort dans les questions européennes, une modernité, à la fois dans l’attitude et dans les propos du Président, et un point de vue sociétal plutôt progressiste, sans être pour autant à l’extrême de ces combats. Cet équilibre politique me convenait, et je trouvais le personnage fascinant.

Ensuite, au sujet de mon rôle, être président d’un mouvement de jeunesse, c’est plusieurs responsabilités. La première est de faire tourner l’organisation, ce qui est très concret : diriger l’organisation, déléguer les différentes missions à nos militants et à notre équipe salariée. Plusieurs salariés travaillent à la gestion concrète du mouvement : finances, ressources humaines, etc. Ensuite, il y a une partie plus politique : faire la promotion du mouvement et représenter les jeunes dans les médias, et faire des déplacements pour être au contact du terrain et des Français. Enfin, mon rôle est de faire avancer les propositions des jeunes dans la majorité ce qui se peut s’apparenter à de l’influence : il s’agit de rencontrer des parlementaires ou des ministres pour promouvoir des idées. Nous sommes par exemple en train d’envoyer un livret de propositions à toute la majorité.

Julien Vacherot : L’abstention chez les jeunes atteint des sommets : comment convaincre cette population de voter ?

A.M. : De plusieurs manières. Tout d’abord, si un jeune passe de l’abstention au vote, c’est déjà une victoire : toutes nos communications qui visent à lutter contre l’abstention sont neutres politiquement. Il n’y a aucune mention directe de notre parti. Nous avons notamment lancé des opérations sur les campus, de manière citoyenne et non militante. Nous utilisons aussi massivement les réseaux sociaux sur ces sujets. Nous avons, enfin, l’objectif de renouveler les codes de la politique, par la communication, les affiches, qui reprennent volontairement les codes de Netflix pour parler aux jeunes avec les codes des jeunes. Au-delà, nous essayons de faire comprendre aux jeunes qui regardent le monde politique mais ne veulent pas voter, c’est que faire de la politique contribue à changer les choses. Nous essayons de montrer que la politique peut avoir des effets sur leur quotidien. C’était un des objectifs de l’extension de la mesure des repas à 1 € au CROUS pour les non-boursiers. Ainsi, pour lutter contre l’abstention, nous utilisons aussi bien des moyens citoyens et non marqués politiquement, qu’une communication politique plus centrée sur les jeunes, sur la forme comme sur le fond.

M.D. : M. Macron est-il aujourd’hui le candidat le mieux placé pour s’adresser aux jeunes ?

A.M. : Oui, évidemment. Il serait étrange que je réponde le contraire. Il est le mieux placé pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le discours du Président est philosophiquement adressé aux jeunes : en 2017, l’idéal affiché était de garantir l’égalité des chances, de permettre à tous les jeunes de réaliser leurs rêves. C’est un idéal parle profondément à la jeunesse. Les actions concrètes du Président sont en accord avec la poursuite de cet idéal : le dédoublement des classes en zones REP et REP + pour les élèves de CP et de CE1, la réforme de l’orientation avec Parcoursup pour mettre fin à l’injustice du tirage au sort, la réforme du lycée en intégrant la possibilité de faire du droit dès la terminale pour permettre de mieux choisir son orientation, le pass culture de 300 € à 18 ans, les aides à l’emploi des jeunes qui a ont permis d’avoir, chez les jeunes, le plus faible taux de chômage depuis octobre 2008, la valorisation de l’apprentissage comme voie de réussite, voire l’abaissement des cotisations salariales qui permettent de réduire l’écart entre le net et le brut, etc. Il y a aussi eu des actions pour toucher concrètement la jeunesse, notamment sur l’écologie. Ce quinquennat a été le plus ambitieux de l’histoire sur l’écologie. Celui de M. Hollande avait établi des objectifs, notamment avec la Cop 21, mais rien n’avait été concrètement traduit dans la loi. C’est en partie ce que je reproche à la gauche : la différence entre les actes et la parole. Nous avons mis en place la fermeture des centrales à charbon pour 2023, ou encore une loi sur l’économie circulaire. La France et l’Europe vont, grâce à ces actions, réduire leur empreinte écologique. Autre exemple très ciblé : la question du bien-être animal, pour laquelle nous avons permis des avancées sans précédent. On peut citer l’interdiction des dauphins dans les parcs aquatiques, de la vente de chiens et chats dans les animaleries. Toutes ces mesures touchent la jeunesse et répondent à ses aspirations. 

Ensuite, sur le plan politique, M. Macron est mieux plaçé pour répondre aux aspirations des jeunes, car, selon les sondages, il devrait rassembler entre 25 et 30 % des 18-25 ans, largement plus que tous les autres candidats. Par ailleurs, après cinq ans de mandat, le fait que le Président de la République, qui a incarné le pouvoir, soit encore aussi populaire parmi les jeunes montre qu’il possède une vision et une capacité pour incarner l’avenir. Pour conclure, M. Macron est le seul candidat qui évoque le futur, lorsque les autres ne parlent que du passé. M. Woerth l’a très bien exprimé hier, en quittant Les Républicains : « lorsque certains pensent la France de mon enfance, je préfère penser la France de mes petits-enfants ».

Le bilan du quinquennat Macron

Pauline Haritinian : Le dernier quinquennat a été marqué par une série de crises inédites (Gilets jaunes, pandémie, etc.). Quel a été le moment le plus difficile du quinquennat ?

A.M. : Sans aucun doute, la crise des Gilets jaunes. Politiquement, en tout cas, parce que le Président a été confronté à une distorsion entre ce qu’il est et ce que les gens ont pensé de lui. Il a décroché massivement dans les sondages et on a senti, du moins au début de la crise, une adhésion massive des Français à ce mouvement de contestation. Il a fallu faire preuve de résilience et se réinventer. C’est ce que le Président a fait avec le Grand débat et des mesures d’urgence, qui partaient du constat que ce que nous avions fait n’avait pas été compris. C’est l’exemple de l’augmentation de la taxe « carbone » qui a entraîné une opposition plus grande et plus générale. Cette remise en question s’est aussi opérée sur la personnalité-même du Président de la République, qui a pris en compte les reproches des Français sur ce qu’ils interprétaient comme une forme de distance. C’est pour cela que furent organisés de grands débats de plusieurs heures pour démontrer la capacité du Président à comprendre les problématiques quotidiennes de la population. Ce moment a été difficile mais fondateur, car la Président a montré sa capacité à se réinventer. Excepté la vision politique, le moment le plus difficile a été la pandémie. 

M.D. : M. Macron a-t-il commis des erreurs pendant la crise des Gilets jaunes ?

A.M. : Oui, sur le début de la crise. La réponse, deux semaines après le début de la crise, a consisté en une simple suspension de l’augmentation de la taxe carbone, lorsque le mouvement était d’une ampleur bien supérieure. La réponse était trop faible, et nous nous en sommes rendus compte trop tardivement. Erreur d’appréciation, donc.

J.V. : Par ses prises de parole parfois controversées, M. Macron s’est souvent vu reprocher un comportement hautain vis-à-vis des Français…

A.M. : Il y a, dans cette affirmation, une opération politique de la part de l’opposition. En réalité, lorsque le Président a pris la parole pour exprimer ces propos polémiques, il a cherché à exprimer des vérités que beaucoup de Français partagent. Moi y compris. Lorsqu’il a parlé de « Gaulois réfractaires », il n’a fait qu’exprimer ce que la crise des Gilets jaunes a démontré. En fonction de la manière dont on veut réformer le pays, on fait face à une dure opposition, à une partie de la France qui n’est pas favorable au changement. Il n’est pas faux de dire que la plupart des Français veut des réformes mais ne veut pas être touchée directement. Il s’agit d’un paradoxe français que le Président n’a fait que décrire. Lorsqu’il parlait de « pognon de dingue » versé dans les aides sociales, il ne disait pas qu’une réduction dans les investissements s’imposait. Il disait simplement que l’investissement consenti dans les aides sociales ne contribuait pas à des effets à la hauteur des sommes injectées. Derrière chacune des polémiques montées en épingle par l’opposition, il y a une réalité un peu brute, ce qui traduit que le Président est loin d’être déconnecté des Français, mais qu’il comprend ce que sont fondamentalement les Français et qu’il l’exprime avec franchise. J’ai toujours apprécié cette attitude chez M. Macron : il ne prend pas de pincettes pour mettre des mots ce qu’il pense. Dernièrement, en disant souhaiter « emmerder les non-vacciner », il n’a fait que traduire la pensée d’une majorité des Français et le fait que ces personnes remplissent des services de réanimation qu’ils ne rempliraient pas s’ils avaient fait le choix de la vaccination. Au contraire du décalage, ces citations témoignent d’une bonne compréhension des réalités et de la capacité de franchise du Président.

J.V. : M. Macron s’est souvent démarqué par une position très européiste. Pourtant, son inaction lui est souvent reprochée sur le thème de l’Europe. Le quinquennat fut-il dès lors une réussite européenne ?

A.M. : Je trouve la question étrange, car je ne vois pas ce que l’on aurait pu faire de plus sur la question européenne en l’espace de cinq ans. Il faut ramener de l’objectivité dans le débat public : faire bouger l’Europe, c’est faire bouger vingt-sept pays qui ne sont pas forcément d’accord entre eux. Cela prend du temps et ce n’est pas évident, surtout à la sortie de plusieurs quinquennats de non-respect des règles de finances publiques par le pays. La France est également passée pour un mauvais élève européen car les députés européens ont été, durant de nombreuses années, une bande de crétins. Avoir comme représentants Mme. Morano ou M. Hortefeux n’aide pas à la crédibilité du pays. On part donc d’une situation difficile. Ensuite, lors de la campagne, le Président a promis de réformer la directive « travailleurs détachés ». L’ensemble des autres candidats assuraient que c’était impossible. Six mois plus tard, la directive a été réformée pour éviter un dumping social excessif en Europe. Le Président a posé, lors du discours de la Sorbonne, des bases assez ambitieuses sur la question écologique, l’ambition politique et financière de son quinquennat en matière d’action européenne. A la fin, on constate que l’Europe a réagi à la crise sanitaire avec un plan de relance financé par un endettement commun, ce que l’Allemagne et les pays dits « frugaux » n’auraient jamais accepté. Nous l’avons fait, ce qui a permis de financer la relance la plus puissante au monde. Aujourd’hui, l’Europe sort renforcée de cette crise. Deuxième point, le Président a su, y compris, faire avancer l’Europe sur des questions qui sortaient de son domaine de compétences. Sur la question du vaccin, le choix européen de la stratégie a été critiqué, alors que le résultat final est sans appel : l’Europe est le continent le plus vacciné, qui produit le plus de vaccins, et qui en exporte le plus, là où les États-Unis gardent leurs vaccins pour eux et sont moins vaccinés que nous. Je ne parle même pas de l’attitude des autres grandes puissances comme la Russie ou la Chine qui ont concédé des manques déplorables dans cette crise sanitaire. Par ailleurs, sur l’écologie, qui est un sujet profond de l’avenir européen, la taxe « carbone » aux frontières, qui est au cœur de la présidence française de l’Union européenne, va être votée très prochainement et va aider plusieurs pays à réduire leur empreinte carbone. La question de la régulation du numérique est aussi au cœur de la présidence française de l’Union européenne, qui incité à la taxe sur les GAFAM et aux pressions sur Facebook ou Instagram, impossibles à exercer à l’échelle nationale. De même, sur l’avancée des droits des femmes, sur la question sociale, etc. En dressant un bilan : peu de quinquennats ont été aussi ambitieux sur le plan européen. J’ajoute que, sur le plan politique, nous avons insisté sur les élections européennes, nous les avons remportées à égalité avec le Rassemblement national et nous avons envoyé à Strasbourg 23 députés, connus pour être la délégation la plus influente au parlement européen. Nous avons envoyé notre ligue des champions à l’échelle européenne.

La probable candidature de M. Emmanuel Macron 

P.H. : M. Macron a atteint les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle. La candidature du Président ne fait aujourd’hui aucun doute. Pourquoi attendre autant pour se déclarer candidat ? N’est-ce pas dangereux de laisser la place médiatique à d’autres candidats ?

A.M. : Attendre autant, parce que, lorsque l’on regarde l’histoire de la Ve République, les Présidents sortants ne se sont pas déclarés si tôt que cela pour leur réélection. Nous sommes à environ soixante jours de l’élection. Le Président a encore du temps. Ensuite, au regard de la situation sanitaire et de la situation internationale, je trouve plus pertinent que le Président de la République s’exprime comme le Président et non comme un candidat. Je ne sais pas si M. Poutine ou le Président ukrainien auraient eu la même attitude avec M. Macron s’il avait déjà annoncé sa candidature. Son intervention n’aurait sans doute pas pu avoir le même poids. Enfin, c’est au Président de la République d’évaluer les risques de sa stratégie. Il va falloir rentrer dans l’arène à un moment, mais c’est à lui de décider de la date de sa candidature. Quelques jours de délai ne changeront pas nécessairement le message politique que le Président souhaite faire passer. Même s’il ne se déclare pas encore, nous avons commencé à faire campagne ; nous allons sur le terrain et nous sommes à l’écoute des Français. Le Président n’a plus qu’a appuyer sur un « bouton », qui consiste à présenter ses propositions aux Français pour les cinq ans à venir. Nous avons déjà fait le travail de consultations nécessaires à la présentation du programme. Le seul risque de la campagne à mon avis : défendre le bilan du Président plutôt que de proposer des propositions d’avenir. Il ne fera pas cette erreur.

P.H. : Quel sera, selon vous, le plus gros défi de la candidature de M. Macron et d’un potentiel second mandat ?

A.M. : La question qui sera au cœur du deuxième mandat sera celle de la santé et de la protection de manière générale. Santé en premier lieu, car cette crise a montré les faiblesses de notre système. Mais protection plus généralement, c’est-à-dire notamment les questions sécuritaire, identitaire, qui sont sur toutes les lèvres, mais auxquelles nous ne voulons pas apporter une réponse strictement « franco-française ». Les protections apportées aux Français seront un thème de campagne. Mais il y en aura d’autres : j’évoquais les questions d’émancipation, d’éducation… La priorité reste les protections au sens large, et auxquelles j’intègre la santé et les questions régaliennes. 

M.D. : En 2017, M. Macron faisait figure d’outsider des élections. Il a même joué sur des propos à la limite du populisme, sur une position anti-système. Il est désormais au pouvoir depuis cinq ans : comment maintenant convaincre les électeurs ?

A.M. : Je ne suis persuadé qu’on ne gagne pas une élection sur un bilan. On peut en revanche la perdre sur un bilan. Ce que va devoir faire le Président lors de cette campagne présidentielle, c’est, en partie, se réinventer. Il sait le faire, car il l’a fait, notamment, lors de la crise des Gilets jaunes et lors de la crise sanitaire. Le Président va devoir porter une vision sur les cinq prochaines années, une ambition renouvelée pour le pays, dans la même ligne directrice mais en ayant la capacité de résoudre des problèmes que l’on n’a pas résolu lors du mandat précédent. L’exemple le plus évident constitue les retraites. Il y a aussi des domaines sur lesquels on n’a pas fait suffisamment parce qu’on n’a pas attaqué le problème par la racine. Je pense que le Président va mettre sur la table ses priorités, parce qu’il a identifié des blocages. Il l’a fait de manière assez franche en parlant de sécurité ou de régalien. Il y a plein de points sur lesquels nos positions n’étaient pas assez radicales à l’époque et qu’il va falloir mieux traiter. La ferveur viendra avec l’incarnation qu’il aura des années à venir. Dans cette campagne, je ne suis pas trop inquiet sur sa capacité à parler du futur. Lorsque je vois les propositions des autres, je me dis que cette campagne a plus vocation à parler du passé, et a l’air de se jouer dans les années 1990. Nous avons donc de la marge. Quand Mme. Valérie Pécresse propose par exemple la suppression des 35 heures et que M. Jean-Luc Mélenchon propose le passage aux 32 heures, on a l’impression d’être restés dans les années 2000. Ce n’est plus le sujet pour nous. La droite a tout ressorti de la cave, y compris Nadine Morano et le karcher. C’est anachronique, car cela ne répond pas aux aspirations des Français. Il n’est même pas la peine d’aborder M. Zemmour. Les autres partis n’ont pas renouvelé leur logiciel idéologique, et proposent à chaque élection présidentielle depuis 2007 la même chose. La barre n’est pas si haute que cela pour le Président de la République. Ainsi, par sa nature et la nature de l’opposition, il n’aura pas de mal à incarner quelque chose de neuf. 

M.D. : Mme. Pécresse, au second tour, est assez haute dans les sondages…

A.M. : Au moment de sa désignation, c’était le cas. Mais lorsqu’on regarde certaines enquêtes d’opinion plus récentes, elle arrive derrière Mme. Le Pen au premier tour. C’est le cas dans le baromètre régulier d’Ifop [l’entretien a été réalisé le jeudi 10 janvier, ndlr]. C’est révélateur du raté qu’est en train de devenir la campagne, parce que la droite est aujourd’hui coincée avec, d’un côté, les électeurs qui ont pour sensibilité le libéralisme économique et l’européisme qui, logiquement, se tournent vers M. Macron. De l’autre côté, une droite qui a pour principal intérêt les questions régaliennes et une forme de dureté sur les questions de sécurité et d’immigration, qui voteront plutôt pour M. Zemmour ou Mme. Le Pen. Écartelée entre ces deux options, l’espace politique de la droite se réduit petit-à-petit. Il existe encore pour une partie des électeurs mais je vois mal comment cet espace peut s’élargir, à part erreur massive de notre part ou du côté de l’extrême droite.

Illustré par Maxence Delespaul

Julien Vacherot

Julien Vacherot

Étudiant français en Master in Management à HEC Paris (Promotion 2024). Rédacteur en chef de KIP, interviewer et contributeur régulier.

French student in Master in Management at HEC Paris (Class of 2024). Chief Editor of KIP, interviewer and regular contributor.

Maxence Delespaul

Maxence Delespaul

Étudiant français en Master in Management à HEC Paris (Promotion 2024). Président de KIP et contributeur régulier.

French student in Master in Management at HEC Paris (Class of 2024). President of KIP and regular contributor.

Pauline Haritinian

Pauline Haritinian

Étudiante française en Master in Management à HEC Paris (Promotion 2024). Double diplôme avec l'ISAE Supaero. Membre de KIP, réalisatrice de vidéo et intervieweuse.

French student in Master in Management at HEC Paris (Class of 2024).
Member of KIP, member of the video pole and interviewer.