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Celui où les diamants sont morts
Illustration d'Hugo pour KIP

Celui où les diamants sont morts

Le minage de diamants est-il mort ?

Les diamants sont-ils vraiment éternels ? Ils peuvent certainement passer l’épreuve du temps, mais on ne peut pas creuser les mines infiniment. Ainsi, l’industrie du diamant fait face à une double difficulté : comment vendre plus de diamants à une quantité de clients en expansion alors que les mines produisent de moins en moins de gemmes à travers le monde. Les producteurs de diamants, tel que le célèbre De Beers ont répondu à ce problème en prenant deux simples décisions : augmenter les prix et multiplier les explorations pour trouver des filons inexploités. Arrivèrent alors une révolution et une bénédiction, celle des diamants artificiels. Aujourd’hui, on peut faire pousser des diamants à partir d’une graine dans un laboratoire, où toutes les conditions de la création de diamants sont reproduites. Plus faciles à produire et moins chers à vendre que les diamants naturels, ces derniers ne peuvent se mesurer à ce nouveau produit.

Il était une fois les diamants de la guerre

« Les diamants du sang » se sont fait connaître auprès du grand public dans les années 1990, après plusieurs scandales et témoignages associant l’industrie du diamant et celle de la mode à des guerres civiles africaines. Ces nouvelles ont mis en lumière le problème de la traçabilité des diamants. Très précieux, et souvent extraits dans des régions très pauvres, rurales, ou même dans des zones de conflit, les diamants traversent généralement de nombreuses frontières avant d’arriver dans les mains de leurs acheteurs. D’où un manque de transparence concernant leurs origines ou ce qu’ils financent. Par exemple, en Sierra Leone, le minage de diamants représente quasiment 5% du PIB et a été l’une des causes centrales de la guerre civile.

En dépit de tentatives de régulation, comme la mise en oeuvre du processus Kimberley en 2003, les diamantaires subissent encore d’importantes critiques liées aux droits de l’homme et à l’environnement. Dans la cinquième plus grande mine du monde, la mine Catoca en Angola, la pollution dûe au minage a profondément nuit à l’écosystème local. L’eau stagnante décime la population et l’activité minière empêche les végétaux de croître.

Les diamants synthétiques vaincront

Les diamants synthétiques sont une solution aux difficultés de l’industrie du diamant. Comme les diamants minés, les diamants artificiels sont faits à partir de charbon comprimé. Contrairement aux imitations, comme le zircon ou la moissanite, les diamants artificiels ne sont pas des faux diamants. Ils possèdent exactement les mêmes propriétés optiques, chimiques et visuelles. L’unique différence est la manière dont ils sont produits : on accélère considérablement le processus de création des diamants. Sous terre, les diamants ont besoin de millions d’années pour se former, contre seulement quelques semaines en laboratoire. L’illusion est parfaite : l’œil humain ne peut pas discerner un diamant miné d’un diamant synthétique, ils doivent être analysés par une machine pour être identifiés. Si la valeur des diamants est aujourd’hui déterminée par leur rareté, cela pourrait bien changer dans les années à venir.

Outre le fait de pouvoir mettre fin au minage abusif et réduire l’impact environnemental de l’industrie diamantaire, les diamants artificiels sont moins chers à produire. Pour le consommateur, un diamant de laboratoire coûte 30 à 40 % moins cher qu’un diamant naturel. Ils sont aussi de meilleure qualité. Pour le même prix, on obtient une meilleure qualité, une plus jolie couleur, et un plus grande taille. Pour résumer, les diamants artificiels sont plus gros, plus beaux, et moins chers.

La dernière particularité des diamants artificiels est la possibilité de changer leurs propriétés pendant leur production. Par exemple, on peut le rendre plus dur ou changer leur couleur.

En conséquence, les diamants synthétiques sont en train de devenir la nouvelle norme. On s’attend à ce qu’ils représentent un marché de 28,6 milliards de dollars, d’après Crystal Market Research. Le géant De Beers construit même une usine d’une valeur de 94 millions de dollars pour Element Six, sa filiale de diamants synthétiques, à Portland aux États-Unis.

Bien que la valeur des diamants et leur pureté soit contestée il est probable qu’ils constituent l’avenir du secteur de la joaillerie. Si l’on parvient à les produire à grande échelle, ils pourraient aussi provoquer des changements dans d’autres industries, comme l’électronique. Des chercheurs américains réfléchissent à utiliser les propriétés des diamants pour augmenter les capacités de certains appareils. Les diamants synthétiques sont un moyen de le faire à bas prix. Des diodes à haute performance sont notamment réalisées en remplaçant le silicone traditionnellement utilisé par des diamants.

Plume Anonyme

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