KIP
Marc Chagall, Le paysage bleu, 1949

Expo La Lune au Grand Palais : la tête dans les étoiles

Le 1er avril 2019, KIP a eu l’opportunité incroyable d’assister au vernissage de l’exposition “La Lune : du voyage réel aux voyages imaginaires” au Grand Palais, avant l’ouverture au public.

Notre premier constat : la lune y est bel et bien abordée sous tous ses angles.

L’exposition mêle légendes romaines, peintures de Chagall et authentiques reliques de la mission Apollo 11, le tout sous une lumière tamisée propice à la contemplation.

Pour autant, ce qui marque au premier abord ce n’est pas l’extraordinaire richesse des salles, mais bien leur flagrante hétérogénéité. Si cette profusion d’artéfacts laisse parfois songeur, il n’est pas certain qu’elle permette au visiteur d’embarquer pour le voyage lunaire auquel il pouvait s’attendre. Il en sera peut-être dérouté, sa progression sera peut-être plus lente, mais, disons-le tout de suite, ni les fausses routes, ni les contre-sens ne sont à craindre ! Aux dires des commissaires, l’exposition ne fait écho à aucune thèse et n’entend rien prouver. Son organisation en salles thématiques se veut souple et malgré une impression de discontinuité, le résultat est loin d’être aberrant.

Si, malgré tout, la perspective de naviguer à vue vous effraye, nous avons restitué quelques-unes des interprétations livrées par les commissaires, avec qui nous avons eu la chance de parcourir l’exposition. Puissent ces quelques lignes éveiller votre curiosité et éclairer vos lanternes…

Dès son arrivée, le visiteur est plongé dans le « voyage réel », celui qui en 1969 amena Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur la Lune. Brusque entrée en matière pour qui s’attendait à rêver d’étoiles et de cosmos, les premières vitrines regroupent le matériel qui accompagna les deux astronautes dans leur périple. Scaphandre rustique, rasoir désuet et mousse à raser vintage nous ramènent à l’humanité de ceux qui posèrent le pied sur le satellite. Contre toute attente, l’exposition s’ouvre donc sur une touchante réflexion sur la condition humaine dans ce qu’elle a de plus concret.

Elle ouvre par la suite les portes de l’imaginaire avec le cinéma délirant de Méliès, les divagations des Shadoks puis le bleu-roi de Miró qui confond l’océan et la nuit… Enfin, les œuvres engagées ne sont pas en reste : une fusée rose-fuchsia à paillette trônant fièrement à proximité d’une maquette de Mercury semble nous crier que les femmes ont aussi un rôle à jouer dans la conquête lunaire, un croissant islamique et une étoile de David nous rappellent tous deux leurs origines communes, une famille d’astronautes aux combinaisons « ethniques » semblent, à leur tour, se livrer à la colonisation…

C’est à mesure que le « voyage imaginaire » se poursuit que le fil narratif de l’exposition se délite. Place aux mythes antiques, aux rêveries romantiques et aux mystères religieux. Le visiteur se trouve plongé dans l’obscurité des œuvres qui l’entourent et c’est à la lueur de l’astre lunaire qu’il devra interpréter ces tableaux oubliés, secs pour certains, envoutants pour d’autres. Dans la salle consacrée à la personnification de Séléné il pourra contempler de lumineuses sculptures de Diane, symbole d’une Lune indomptée et redoutable. Ces figures de feu semblent alors répondre à celle, beaucoup plus paisible, qui clôt l’exposition. Négligemment étendu sur un linge, l’imposant corps d’Endymion s’offre à la Lune ainsi qu’au regard du visiteur. Sa peau froide et sculptée dans le marbre reflète la douce lumière de l’astre et nous invite une dernière fois à contempler l’infini…

Étienne et Angélique

Etienne Reverdit

Etienne Reverdit

Étudiant français en Master in Management à HEC Paris (Promotion 2022).
Membre de KIP.

French student in Master in Management at HEC Paris (Class of 2022).
Member of KIP.